lundi 19 août 2013

Biographie

Louis Cottier image
Louis Cottier (1894 - 1966)

Louis Cottier est né le 28 septembre 1894 et décédé le 16 septembre 1966 à Carouge (Canton de Genève, Suisse) où il vécut toute sa vie. Il est le fils d’Emmanuel Cottier, horloger et fabricant d’automates à Carouge, avec lequel il n’a jamais travaillé ou partagé d’atelier.

Déjà pendant les années qu’il passe à l’école d’horlogerie, se forment l’unité et l’harmonie de sa personnalité. Jusqu’à son dernier jour, il poursuit les activités et les études qu’il avait débutées dans sa jeunesse: horlogerie bien sûr, mais aussi histoire – plus particulièrement celle de sa ville natale -, de plus, il pratique la peinture en aquarelliste du dimanche. Toute sa vie il restera fidèle autant aux maîtres qui l’ont formé qu’à ses amis.

Quelques années avant son décès, parlant de son ami Edouard Wenger (Wenger, fabrique de boîtes de montres), il évoquait ainsi cette époque : «En 1908, nous étions côte à côte à l’école d’horlogerie de la rue Necker (à Genève, ndlr), dans la classe d’Henri Hess à qui incombait la lourde tâche d’enseigner les premiers rudiments du métier. Ce n’est qu’avec l’expérience des années que nous avons compris combien grand était le savoir du maître, combien exceptionnelle son habileté manuelle et ferme sa discipline sans sévérité. Les outils élémentaires faits sous sa direction sont restés compagnons fidèles du travail journalier, les témoins des leçons reçues comme des difficultés éprouvées dans cette lutte de tous les jours pour manier le métal, le façonner, lui conserver ses qualités. Certes, c’est justice de le dire, les maîtres qui avaient la charge de la formation des élèves étaient à la hauteur de leurs fonctions, mais aucun n’a laissé une empreinte aussi durable, aussi profonde que Henri Hess.»

Après l’école, il travaille jusqu’en 1931 – pendant la grande crise dans plusieurs fabriques de Genève en qualité d’horloger complet. «Il faut l’avoir vécue (la crise), éprouvée soi-même pour en comprendre la gravité, en saisir l’ampleur, en mesurer les répercussions, dans toutes les branches de la profession» … A la suite de la fermeture de la Maison qui l’employait, Louis Cottier s’établit à son compte, et invente ses premiers modèles qu’il propose aux grandes manufactures de Genève: montres bracelets sans aiguilles, dites à «heures sautantes» et surtout les montres à heures universelles qu’il fabrique à la pièce, selon plusieurs variantes, en montres bracelets, en montres de poche ou en pendulettes. Puis, le commerce de luxe se développe et les commandes se font de plus en plus nombreuses.

En 1947, il s’installe au 20 de la rue Ancienne à Carouge et abandonne l’arrière-boutique de librairie-papeterie qu’il tient avec sa femme pendant 13 ans. Dans les fabriques, les méthodes de production évoluent en s’industrialisant. On fait alors appel à lui pour réaliser à la main des prototypes. Son goût pour l’histoire l’avait conduit à étudier celle de l’horlogerie. Aussi Monsieur Wilsdorf (Rolex), sur la recommandation d’Alfred Chapuis, l’historien de l’horlogerie bien connu, lui confie la conservation de sa collection. Il en restaure de nombreuses pièces et en recherche l’histoire. Alfred Chapuis s’assure sa collaboration pour organiser la fameuse exposition de Montres et Bijoux sur les automates et pour écrire son livre sur l’histoire de la musique mécanique.

De grands collectionneurs s’adressent à lui aussi bien pour connaître l’origine d’une pièce que pour la mettre en état de marche. Dans ce travail de restauration, s’il satisfait son goût d’historien et son sens esthétique, il donne aussi la mesure de son habileté manuelle. Admirant la virtuosité de ses prédécesseurs, il rivalise avec eux en refaisant les mécanismes usés ou détériorés. Grâce à cette connaissance de la Tradition du métier, il fabrique encore sur commande quelques pièces uniques dont il dessine le modèle, en invente le mécanisme et l’exécute à la main.

On pourrait croire qu’il parle de lui-même lorsqu’il écrit: «Un horloger construisant une horloge ou une montre n’a pas des soucis esthétiques que pour les parties visibles et des préoccupations techniques seulement pour le mécanisme intérieur. Certes, pour les organes du mécanisme les fonctions importent avant tout. Une roue doit avoir des dents de formes correctes, elle doit tourner rond sur son arbre, les pivots et les ailes du pignon seront polies de façon à diminuer le frottement; une telle roue est parfaite pour le technicien. L’est-elle pour l’artiste qui sommeille en tout horloger? Celui-ci voudra un arbre poli, une roue d’apparence légère et pour cela, il diminuera la largeur des bras et de la jante et, pour accentuer encore l’impression de légèreté et d’élégance, il fera des chanfreins, il «anglera» la roue et polira les angles» … Celui qui invente et réalise ses modèles à la main, avec habileté, précision, goût, intelligence. les gens de la Fabrique l’appellent une «belle main». Louis Cottier fut probablement une des dernières «belles mains».

Toujours très modeste, travaillant sur commande et n’ayant pas enregistré de marque ou de poinçon, aucune de ses montres ne portera jamais la marque Louis Cottier. Ses inventions et créations, à l’exception de quelques pièces non signées qu’il a produites pour lui-même et des particuliers, porteront exclusivement les marques des manufactures suivantes (liste exhaustive):
  • Agassiz
  • Baszanger
  • Boninchi
  • Bréguet
  • Cyma Watch & Co (études et prototypes uniquement)
  • Golay Fils & Stahl
  • Gübelin
  • Ulysse Nardin
  • Patek Philippe
  • Piaget
  • Reuge (automates à musique)
  • Stern
  • Rolex
  • Tissot
  • Universal
  • Vacheron & Constantin
  • Wittnauer
© Les fils et petits-fils de Louis Cottier, adapté de “Louis Cottier, Cabinotier” , in Montres et Bijoux, Jean-Pierre Cottier 1967

article original sur: louiscottier.wordpress.com  (reproduit avec autorisation)

Atelier Louis Cottier


Louis Cottier, un atelier fantôme? (see bottom for english version)

A la demande de nombreux internautes troublés par des informations contradictoires rencontrées sur la toile, les fils et petits fils de Louis Cottier, horloger de génie, cabinotier né à Carouge en 1894 (canton de Genève, Suisse) et formé à l’Ecole d’Horlogerie de Genève par le prof. Hess, exposent ici, à toutes fins utiles, les faits historiques suivants quant à son activité d’horloger et la brève histoire de son atelier de cabinotier.

Louis Cottier s’est mis à son compte à Carouge en 1931, pendant la Grande Crise, suite à la fermeture de l’entreprise qui l’employait. Son cabinet (atelier des artisans horlogers travaillant seuls chez eux, selon la tradition genevoise), d’abord installé dans l’arrière-boutique de la librairie-papeterie qu’il tenait avec son épouse, puis dès 1947 dans un petit appartement de la rue Ancienne à Carouge, n’a jamais collaboré avec aucun employé ou associé.

Louis Cottier n’a JAMAIS produit de montres pour son propre compte, ni apposé son nom sur un cadran de montre ou d’horloge, ni enregistré de marque commerciale, de marque de fabrique, de poinçon, de logotype, ni commercialisé de montres, sous quelque marque que ce soit.

Louis Cottier a travaillé toujours seul, occupé exclusivement à la restauration de pièces anciennes, au développement et à la construction de prototypes et à la modification de mouvements pour le compte de tiers, c’est-à-dire les grandes manufactures horlogères genevoises, à l’exclusion de toute autre activité, en particulier de production, d’industrialisation ou de commercialisation.

A son décès en 1966, son activité étant entièrement dépendante de son talent et de son génie personnels, son atelier a DEFINITIVEMENT FERME, après 35 ans d’activité, sans successeur ni repreneur.

En 1967, sa famille a remis l’ensemble de son atelier, ses outils et ses archives à la Ville de Genève, qui les a alors intégrés à la collection permanente de son Musée de l’Horlogerie et de l’Emaillerie.

http://www.ville-ge.ch/mah/index.php?content=2.2.1.3.4.&langue=frs

Les fils et petits-fils de Louis Cottier à Genève

english version:

Louis Cottier, a ghost workshop?

As many internet users have been disconcerted by contradictory informations, the son and grandsons of Louis Cottier expose here some historical facts and a brief story of the professional activities of Louis Cottier, a watchmaker of a genius born in 1894 in Carouge (near Geneva, Switzerland) and trained at the Geneva watchmaking school by Prof. Hess.

Louis Cottier started his indipendent activities in 1931, during the Great Depression, as his employer had closed his business. His settled a “cabinet”, meaning a single person home workshop in the Geneva watchmaking tradition, in the back of the bookshop he was running with his spouse in Carouge. Later in 1947, he and his spouse closed the bookshop, and the “cabinet” moved to a small flat located at the rue Ancienne, still in Carouge. Louis Cottier, as a traditional “cabinotier” never employed or made partnerships with anybody.

Louis Cottier NEVER branded any product with his own name, NEVER registered any trademark, mint mark, or logotype, and NEVER traded watches of any brand.

Louis Cottier was a lonely watchmaker of a genius whose activities where watches restoration, prototypes development and construction, and movements modification for third parties, mainly the great Geneva’s watches manufactures, excluding any other activities, specifically any production, industrialisation or trading activities.

As Louis Cottier passed away in 1966, after 35 years of activity, as his cabinet was relying exclusively on his own genius and exceptional talent, his workshop has been PERMANENTLY CLOSED, wihout any successor.

The whole of the furniture, tools and archives were donated in 1967 by his family to the Geneva Museum, which included the whole in the “Musée the l’Horlogerie et de l’Emaillerie” permanent collection.
http://www.ville-ge.ch/mah/index.php?content=2.2.1.3.4.&langue=frs

The son and grandsons of Louis Cottier

article original sur: louiscottier.wordpress.com  (reproduit avec autorisation)